Comme en 2017, le prix du pain ordinaire vendu à 125 F Cfa a connu uniquement dans le Littoral une augmentation entre boulangers, grossistes et détaillants. Mais cette fois-ci, avec la particularité que le consommateur ne sent pas l’augmentation. Une décision unilatérale de l’Association des promoteurs et exploitants de boulangeries du Littoral qui aurait profité d’un vide juridique ou de l’obsolescence des textes. Une problématique qui appelle du coup à l’actualisation des textes dans le secteur.
Faut-il augmenter ou diminuer le prix du pain au Bénin ? Bien malin celui qui pourra répondre à cette question épineuse. Mais la semaine dernière, l’un des acteurs du secteur de la boulangerie, le président de l’Association des Promoteurs et Exploitants de Boulangeries du Littoral, Anselme Aguèmon, a donné des indices de réponses. En effet, le lundi 15 novembre 2021, il a annoncé une augmentation du prix du pain chez les grossistes à cause de la hausse du coût de la farine de blé. Une décision qui a suscité des réactions dans l’opinion publique, car elle laisse croire que le prix de cession du pain de 160 grammes passe à 150 Fcfa. « Jusque-là, nous n’avons pas encore augmenté le prix du pain. L’arrêté de 2008 a fixé le prix du pain à 125 Fcfa. C’est un réajustement à l’interne», a-t-il laissé entendre avant d’expliquer : «nous avons deux intermédiaires qui nous aident à convoyer le pain vers les consommateurs c’est-à-dire, les gros vendeurs qui portent les paniers et nos bonnes dames qui vendent dans les ruelles. Ce qui change, au niveau des gros vendeurs, on leur livre le pain à 90 Fcfa et aux mamans à 100 Fcfa. Avant, nos mamans prennent jusqu’à 80 Fcfa le pain chez les boulangers. Les grossistes quant à eux, prennent jusqu’à 75 Fcfa l’unité». Selon la hiérarchie associative et publique, la décision viole la procédure prévue par les textes. A suivre Padonou Codjo Servais, président de l’Association des boulangers et pâtissiers du Bénin, le prix du pain ne s’augmente pas par convenance personnelle. « C’est toute une procédure. Il y a des textes qui régulent le contexte de l’augmentation du prix au point où on ne se lève pas pour le faire. Si quelqu’un se hasarde à le faire c’est qu’il en payera le prix », a-t-il averti. Pour le Directeur général du commerce Bernard Favi, le prix du pain fait partie des prix administrés par l’Etat et il ne revient pas aux boulangers de facto de procéder à une augmentation sans que cela ne soit décidé ensemble avec le gouvernement parce que le pain est un produit de grande consommation. « Le prix est fixé à 125 F Cfa depuis et ça a été acté», a-t-il affirmé.
Le flou autour du contenu des textes
De la déclaration des uns et des autres, un flou persiste. Et l’Association des promoteurs et exploitants de boulangeries du Littoral semble surfer dessus. Dans les propos d’Anselme Aguèmon, ce n’est pas le prix du consommateur final qui connait une hausse, mais celui des commerçants. Une argumentation qui laisse perplexe et appelle à s’interroger sur la lettre, l’esprit et la durée de l’arrêté de 2008. L’arrêté s’est-il focalisé sur le prix du consommateur final ou sur les prix sur toute la ligne ? En passant au crible de la raison la déclaration du Directeur général du commerce Bernard Favi, l’on présume qu’il y a un vide juridique sur lequel peuvent jouer les responsables de boulangerie. L’essentiel est de ne pas toucher au prix du consommateur. Mais il y a un risque en augmentant le prix entre commerçants. Les bonnes dames qui perdent 10 Fcfa, comment pourront-elles compenser la perte ? Les boulangers sont-ils les seuls à souffrir de la cherté ? C’est une chaîne à l’évidence. Chacune des parties doit en bénéficier. C’est la règle du marché. Mais s’enrichir en faisant saigner les autres n’est que de l’illégalité. Il y a lieu de revoir les textes. D’ailleurs, des boulangers trichent sur les produits de fabrication et le gramme. Les autorités le savent bien. «A partir de ce moment, c’est vrai que nous avons constaté un peu de désordre dans le pays où le poids du pain des fois n’est pas respecté parce que plusieurs trichent là-dessus», a confirmé le directeur général du commerce. Par exemple, il y a quelques mois en arrière, le préfet du département du Littoral et de l’Atlantique a été alerté sur l’utilisation du bromate de potassium par certains boulangers pour fabriquer du pain produit dont le dosage toxique et cancérigène n’est pas moindre. Or, l’arrêté interministériel N°004/Micpe/Mfe/Dc/Sg/Dcci/Dce du 06 janvier 2005 portant interdiction de la commercialisation de certains adjuvants en République du Bénin a été clair. Outre le contenu des textes qui méritent d’être actualisés, leur obsolescence s’y ajoute. Pour un secteur qui évolue avec la mobilité économique ou le cours du temps, il faudra tenir compte de courte durée pour modifier les textes. En tout cas, Servais Padonou a confié que des propositions sont faites au gouvernement pour aller dans ce sens. Wait and see !
Bienvenue Agbassagan